terça-feira, 1 de fevereiro de 2011

Amr Moussa favorite to rule the Egyto


foto/ Asmaa Waguih /Reuters
Ex-ambassadeur égyptien, puis ministre des Affaires étrangères, relégué secrétaire général de la Ligue des Etats arabes depuis 2001, par le président Hosni Moubarak qui redoutait sa popularité et son influence, Amr Moussa est aujourd’hui l’une des personnalités politiques égyptiennes les plus plébiscitées pour l’«après-Moubarak», que la population appelle de ses voeux. Depuis mardi dernier, l’Egypte vit une révolte sans précédent en trois décennies de règne de Moubarak. Inspirés par la révolution tunisienne, les Egyptiens exigent un changement de régime, qui ne peut être envisagé sans le départ du président, départ qui pourrait avoir lieu dans les jours à venir selon certains observateurs. La Nation veut la fin de la dictature et de tous les maux qui vont avec, un retour à la liberté qui se concrétisera à leurs yeux par des élections dûment organisées au suffrage universel direct. Parmi les candidats potentiels, deux personnalités font figures de favoris. Mohamed ElBaradeï, ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et lauréat du prix Nobel de la paix à ce titre en 2005, et Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe.

Plus discret sur ses intentions qu’ElBaradeï, le diplomate âgé de 75 ans a acquis tout au long de sa carrière, une grande popularité en Egypte, et ce malgré le fait qu’il ait travaillé pour Moubarak -en tant qu’ambassadeur en Inde en 1987, puis aux Nations Unies en 1990, puis en tant que chef de la diplomatie de 1991 à 2001. A l’époque, sa politique de rapprochement avec la Syrie, la Jordanie et l’Iran, mais surtout ses positions en faveur de la cause palestinienne, lui valent une belle renommée dans son pays. On se rappelle ainsi du jour où il a refusé de serrer la main d'Ariel Sharon, parce que ce dernier en avait fait de même avec Yasser Arafat, le chef de l'Autorité palestinienne. Pour l’anecdote, une chanson vendue à des millions d'exemplaires lui avait d’ailleurs rendu hommage à ce sujet: le crooner égyptien Shaaban Abdel Rahim disait dans le refrain «Je hais Israël et j'adore Amr Moussa»… Récemment, il a encore répété que tant que les «chantiers dans les colonies ne s'arrêt[eraient] pas, il [était] inutile de poursuivre les négociations» de paix au Proche-Orient.

Un seul objectif: la démocratie
Ces positions, en revanche, ne lui font pas que des amis sur la scène internationale, à commencer par Washington, bien qu’ils aient fait des efforts pour s’entendre avec Barack Obama -qui rappelons-le, a promis d'oeuvrer à une plus grande liberté dans le monde musulman lors de son fameux discours du Caire en 2009. Selon Moustafa Bakry, le fondateur du mouvement «A toute la communauté égyptienne à Paris», qui rassemble plusieurs mouvements d’étudiants égyptiens qui étudient à Paris et organise les actions de soutien au peuple égyptien et contre le régime Moubarak, il existe certes des discordances –«forcément, puisqu’il incarne les valeurs de (Gamal Abdel) Nasser» *- mais celles-ci sont surmontables dans la mesure où l’objectif premier est la démocratie.

Avant même les premières manifestations mardi dernier, le diplomate avait mis en garde contre l’effet de contagion que pouvait avoir la révolte tunisienne. «Le citoyen arabe en est arrivé à un niveau d'exaspération jusqu'ici inégalé», avait-il souligné lors d'un sommet de la Ligue consacré au développement économique et social des pays arabes, organisé à Charm el Cheikh, en Egypte. Il avait appelé les autorités à réformer le pays afin de réduire les inégalités, de stimuler l’emploi et d’augmenter les libertés individuelles et politiques ainsi d’éviter des troubles similaires. Ce week-end, il a estimé que le remaniement gouvernemental était un début mais ne suffisait pas. Dans cette interview à la BBC, Moussa a plaidé pour l’adoption de mesures claires démontrant d’une véritable volonté de changement, ainsi que pour le multipartisme. Samedi le secrétaire général de la Ligue arabe est allé plus loin en déclarant sur Al Jazeera: «Les gens veulent le départ du Président.» «Les réformes doivent avoir lieu immédiatement et ils doivent être soutenus. Le message du peuple est clair», a-t-il ajouté. Ce lundi enfin, il a salué le courage du peuple et dit soutenir les manifestants. Sur Al Arabya, il s’est aussi dit prêt à occuper n’importe quelle place dans le nouveau gouvernement.

Candidat ou pas candidat ?
S’il s’est plusieurs fois exprimé depuis le début du mouvement de contestation, Amr Moussa reste toutefois toujours aussi évasif quant à ses intentions présidentielles. «Je ne suis pas un candidat (à la présidence), la Constitution ne me permet pas de concourir», a-t-il simplement déclaré à la BBC samedi. En effet, en l’état actuel en Egypte, il faut être cadre d’un parti existant depuis cinq ans, avoir au moins un élu au Parlement, ou recueillir 250 signatures d’élus pour pouvoir se présenter. Selon Moustafa Bakry, cette discrétion à ce propos s’explique probablement par le fait qu’il a dû subir un certain nombre de pressions et de menaces de la part du pouvoir. Prié de dire s'il croyait que Moubarak allait quitter le pouvoir, Amr Moussa a répondu: «Je ne pense pas qu'il soit de ce genre.» Selon le dernier bilan, qui varie selon les sources, l’insurrection en Egypte aurait fait plusieurs centaines de morts. La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a évoqué mardi le chiffre de 300 morts, tandis que Moustafa Bakry évoque lui peut-être 500 victimes.

* en bref, Nasser, est une figure importante de la guerre des Six Jours –en 1967, à l’issue de laquelle Israël avait revendiqué la victoire sur Jérusalem-Est, une annexion non reconnue par la communauté internationale. Il incarne donc les valeurs de l’anticolonialisme et de l’anti-impérialisme et s’est ouvertement opposé à l’Occident de son temps (1956-1970).(Paris Match)

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