sexta-feira, 25 de novembro de 2011

Christina Onassis, shared memory



Par Marina Dodero. «Notre amitié date de plus de vingt ans, nous sillonnons la planète pour nous retrouver. En ce jour de novembre 1988, rien n’annonce la tragédie. Christina est amoureuse, joyeuse…»Fonte/ Paris Match.




En février 1964, je rencontre Christina Onassis – elle a 17 ans, et moi 15 – à Punta del Este, un petit paradis au bord de la mer en Uruguay où je passe mes vacances en famille. Je la trouve attachante, elle adore ma drôlerie et on devient inséparables. Quelques mois plus tard, je pars en Grèce avec mes parents et je fais connaissance avec son frère Alexandre, son père, Aristote Onassis et, sa mère, Tina Livanos. Depuis, notre amitié est devenue un pilier pour nos vies. On voyage sans arrêt pour se voir, des allers-retours à Skorpios et en Argentine. On est comme des sœurs. Je ne sens jamais de différence entre nous bien qu’elle soit l’héritière la plus riche du monde ; elle reste égale à elle-même, franche, ouverte, généreuse.

En 1969, un soir, je reçois un appel d’Aristote, furieux, qui me dit : « Tu sais que ta copine s’est mariée avec un Américain, je te charge de la ramener vite fait. » Désespérée, j’appelle Christina pour vérifier et lui expliquer la détermination de son père à la récupérer. Elle répond avec une sérénité déroutante. « Oui, je me suis mariée avec Joe Bolker à Las Vegas. » Elle a 19 ans et va hériter de la fortune Onassis. Quelques jours plus tard, face à la pression de son père, elle grimpe dans un avion et débarque à Buenos Aires chez moi, seule ! Son mariage avait duré une semaine…

A Paris, j’habite avec Christina, 88, avenue Foch ; son père vit un étage au-­dessus. Elle décide, un jour, pour s’amuser, de descendre dans la rue et de faire comme si on était des travailleuses du sexe… Au bout de 500 mètres, on nous propose 500 francs, puis la police passe et nous embarque. Christina explique au gendarme que c’était juste une comédie pour rigoler, qu’elle est la fille d’Onassis. Le policier, goguenard, lui ­répond : « Et moi, je suis le fils de De Gaulle ! » Christina hèle sa concierge Mme Maggie, lui demande à contrecœur de prévenir son père. Furieux, il nous libère immédiatement de cette situation embarrassante. Nous avons bien ri.

A Skorpios avec Christina sur le yacht qui portait son nom, Jackie Onassis vient avec ses enfants, John John et Caroline, avec qui je m’entendais à merveille. On nage, on joue aux cartes et on fait du Jet-Ski. Winston Churchill, très ami d’Aristote, est avec nous tous les étés sur le yacht. Ils passent leurs après-midi à refaire le monde autour d’une bouteille de whisky. Comme il a des difficultés à marcher, Ari lui a fait construire une voiturette électrique spéciale pour ses déplacements sur le yacht.

Christina vient à Buenos Aires le 20 octobre 1988 pour fêter mes 40 ans. Elle me confie : « Je ne supporte plus le froid et la pluie de Genève, je veux rester vivre en Argentine avec ma famille adoptive, les Dodero. » Elle ne consommait pas d’alcool, ne prenait pas de médicaments, comme les mauvaises langues ont pu le dire, mais buvait des litres de Coca-Cola light par jour ! On a loué une maison près de Buenos Aires pour inviter tous nos amis. Le soir de mon anniversaire, je remarque qu’elle danse très serré avec mon frère, Jorge Tchomlelkdjoglou. Ils ont un coup de foudre en dépit de leurs vingt-trois ans d’amitié. Au bout de quinze jours, ils annoncent leur mariage ! Elle est comme ça, Christina !

Le week-end du 15 novembre, nous partons tous les trois avec les gardes du corps de Christina fêter la nouvelle au country club de Tortuguitas, à quelques kilomètres de la ville. On dîne, et puis on se quitte ; les tourtereaux dans leur chambre, et moi dans la mienne. Le lendemain, mon frère part en ville, Christina dort. Vers 10 h 30, je frappe à la porte… Personne. Puis j’entends le bruit de l’eau dans la salle de bains. Je l’appelle, pas de réponse. Je décide d’ouvrir la porte. Je trouve Christina « endormie » dans la baignoire. En quelques secondes, je réalise qu’elle est sans vie. Affolée, j’appelle les médecins, mon frère, la police. Il est déjà trop tard : le 19 novembre 1988, mon amie chérie, Christina Onassis, a péri d’un œdème pulmonaire. J’endure une douleur viscérale face au choc brutal, mais je dois gérer une responsabilité face au monde, car elle est morte chez moi.

Après toutes les démarches légales pour ramener Christina en Grèce, comme elle l’aurait souhaité, j’arrive à Skorpios, avec son corps, dans le jardin de notre adolescence, et tant de souvenirs partagés. Six jours plus tard, sous une pluie battante, des centaines de bateaux ­accompagnent Christina avec des milliers de bougies pour lui faire un dernier adieu. Un bel hommage rendu par ses compatriotes. Skorpios restera sa demeure à jamais.

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